Frédérique Clauzel
Ce matin, il y a ébullition... C'est dimanche. Les bruits de la maison qui s'éveille me le rappelle, papa prend son bain, j'entends le clapotement de l'eau dans la baignoire, maman déjeune au son d'Europe 1, les frangines dorment encore, et moi je chantonne dans ma chambre en ouvrant les volets. Il faudra encore du temps pour que, tous, nous soyons prêts …. la messe est à 10h30. Il faut se mettre en habits du dimanche, robe de velours et socquettes blanches, cheveux tirés en arrière pour finir en queue de cheval, me voilà parée. Papa, Maman, Catherine, Sylvie, Véronique et Isabelle s'activent aussi. Le premier appel des cloches nous bouscule dehors. Seule notre chienne « Gavotte » reste gardienne. Le portique claque, nous montons au bourg par le chemin des « Grandes Terres » en passant par le jardin familial. Du haut du chemin, j'aperçois Grand-père, dit « Parrain » pour tout le monde, la cigarette au lèvre avant l'office Dominical. Son regard est profond, il guette notre ascension depuis un moment déjà. Il se tient là, sa silhouette est fluette mais son costume trois pièces lui donne beaucoup de prestance. Été comme hiver, il nous attend fidèle au rendez-vous, les mains dans les poches à tripoter les quelques sous de monnaie qu'il donnera à la quête. Il ne dit mots, mais dans son allure je vois bien maintenant qu'il est heureux de recevoir nos baisers chaleureux. Mes mots sont bien pauvres pour exprimer cette attente, il a fallu être grande pour comprendre qu'il y a dans des moments de vie simples sans grandes paroles et qu'il était précieux de sentir le bonheur des autres venir à soi car parfois une simple présence suffit à rendre la vie plus sûre.