Prendre une décision
Cécile Vuilleumier

Fragments ou nouvelles, récits ou poèmes, issus de multiples propositions, ces textes ont été écrits par les participants de mes ateliers d'écriture. Joyeuse lecture !

 

Prendre une décision


Ça y est, je me lance : il s’agit de PRENDRE UNE RESOLUTION.
Je commence par PRENDRE, c’est un mot si vaste... quelques précisions s’imposent.
Je prends donc l’itinéraire du dictionnaire, pas bien compliqué, c’est tout balisé.
Ça commence d’abord par la main (lat. prehendere, saisir, emporter).
Je serais même tentée de dire que cela commence par « prendre un enfant par la main », saisir ses petits doigts en se disant que c’est les siens.
Bon, cela emprunte ensuite la bouche suivant mon Larousse (prendre un repas). Puis ça emprunte une voie de communication.
Ça finit par prendre la tête et tout son temps. Qu’une chose à faire, se laisser pénétrer sans prendre froid, si possible.
Accueillir, l’éprouver en soi, tout ça sans prendre des vessies pour des lanternes... Le dictionnaire conclut par PRENDRE LA MER. Je ne pensais pas en arriver là , mais s’il le faut... En tant que verbe intransitif, PRENDRE s’avère aussi très intéressant. Comme la mayonnaise, ça s’épaissit, ça se fige, tout en continuant à croitre après transplantation. Ça produit l’effet recherché en commençant par une combustion (pas forcément désirée).
Je peux alors prendre à droite ou à gauche, c’est selon.
Et puis si ça ne prend pas et que personne ne me croit, je me prends un fou rire à son propos. Je ne m’en prends à personne en particulier. Bref, c’est parfaitement inoffensif même si je m’y prends mal.
Je me sens mûre pour PRENDRE... mais en ce qui concerne une RESOLUTION, c’est une autre affaire.
D’abord, le dictionnaire n’est pas clair.
S’agit-il d’un point de départ ou d’un point d’arrivée ?
C’est une décision prise avec la volonté de s’y tenir et c’est aussi la solution du problème. Il s’agit alors de résoudre une équation ou un système d’équations. Rien n’est donné concernant la méthode à suivre…
En matières juridiques, cela peut même devenir la dissolution du contrat initial pour inéxécution d’un engagement. Alors là, je m’y perds.
Me voilà prise à présent entre ma volonté de départ et la solution du problème qui peut y être opposée.
La physiologie me suggère un relâchement musculaire, un retour à l’état normal après inflammation des tissus.
La musique résout la dissonance par une consonance satisfaisante à l’oreille, quelquesoit le propos, ce n’est pas son affaire. Et me voilà bien dans la merde (passez-moi l’expression) avec toujours aucune résolution de prise
Bon, soyons clairs, l’éthymologie opte pour le relâchement (lat. resolutio, action de relâcher). Je me relaxe donc sur ma chaise, ralentis ma respiration...
J’en conclus que je ne prendrai plus de RESOLUTION dorénavant, car tout est « doré » avant, mais après, c’est une autre histoire.

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Isabelle Sarcey
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Crédit photos : Koryn Boisselier ©